Guillaume Bigourdan (1851-1932)

Item

Date of birth
7 April 1851
Date of death
28 February 1932
Place of death
Paris, France
Profession or occupation (Literal)
Aide-astronome à l'Observatoire de Toulouse (01/01/1877)
Aide-astronome à l'Observatoire de Paris (01/11/1879)
Astronome adjoint à l'Observatoire de Paris (25/02/1882)
Astronome titulaire à l'Observatoire de Paris (28/01/1897)
Directeur du Bureau International de l'Heure (1919-1928)
Directeur de l'Académie des Sciences (1924-1926)
Directeur de l'Institut de France (1924-1926)
Biographical or historical information
Camille Guillaume Bigourdan est né à Sistels (Tarn-et-Garonne) le 7 avril 1851 dans une famille d’agriculteurs modestes. Il passa ses premières années, jusqu’à 15 ans, entre les travaux des champs et l’école primaire de son village. Puis ses parents, en s’imposant de grands sacrifices, l’envoyèrent dans une école privée au chef-lieu de canton, Valence d’Agen. Le 1er août 1869, le directeur de l’établissement inscrivait sur son bulletin de fin d’année: «Heureux les parents qui ont un tel fils». En 1870, il obtint à l’université de Toulouse son baccalauréat ès sciences avec la mention «Assez bien». Dès lors, il dut se subvenir par des leçons particulières et, en même temps, aider à l’instruction de son jeune frère Silvestre. Ne pouvant, faute de ressources, songer à se préparer aux grandes écoles, il devint aspirant répétiteur au pensionnat de Valence d’Agen où il avait fait ses études, se tourna vers les Facultés et prépara à celle de Toulouse deux licences ès sciences (physique en 1874 et mathématiques en 1876). Il fut ainsi remarqué par Tisserand, directeur de l’observatoire de Toulouse qui, de la manière la plus spontanée, lui offrit de venir travailler avec lui et le fit nommer aide-astronome le 1erjanvier 1877. Il fut chargé des observations à la lunette méridienne. Le 1er novembre 1879, il quittait Toulouse pour venir assister Tisserand à l’Observatoire de Paris dans ses travaux à l’équatorial de la tour de l’Ouest. Il devint astronome adjoint le 25 février 1882. Il s’est occupé presque exclusivement d’astronomie de position et d’histoire de l’astronomie. Le 16 juin 1886, il a soutenu à Paris sa thèse de doctorat: Sur l’équation personnelle dans les mesures d’étoiles doubles. Il a publié un catalogue des positions de 6 380 nébuleuses qui lui valut en 1919 la médaille d’or de la Royal Astronomical Society. Il retrouva et publia des manuscrits de Pingré. Lorsque Paris fut choisi, en 1919, comme siège du Bureau International de l’Heure, il fut nommé directeur du service et le resta jusqu’en 1928, époque à laquelle cette direction passa aux mains du directeur de l’Observatoire de Paris.

En 1882, il participa aux observations du passage de Vénus à la Martinique sous la direction de Tisserand. Il dirigea une mission d’observation de l’éclipse totale de Soleil du 16 avril 1893 à Joal au Sénégal; il était assisté de Fayet (Bigourdan, 1897). Le 24 mars 1894, il découvrit une petite planète: (390) Alma. En 1900, il se rendit à Hellin en Espagne accompagné de Salet, Eysseric et Heitz pour observer l’éclipse totale de Soleil du 28 mai, et en 1905, à Sfax en Tunisie, à l’occasion de l’éclipse totale de Soleil du 30 août.Il fut nommé astronome titulaire le 28 janvier 1897. Le 8 juillet 1898, il fut détaché à l’observatoire du Parc de Montsouris et chargé d’un cours extraordinaire; ce détachement prit fin le 16 février 1903. Le 2 décembre 1902, Deslandres fut élu à l’Académie des sciences contre Bigourdan. Le lendemain, Sophie, l’épouse de Bigourdan, écrivait à son frère Charles Mouchez:
«Je suis si navrée et révoltée de ce qui se passe que je n’ai pas eu le courage de t’écrire hier [...]. Comment se fait-il que 30 voix se tournent contre Guillaume pour D. 1/ il est de l’École, 2/ il a de la fortune, donne nombre de dîners et envoie des fleurs, 3/ au lieu de consacrer sa vie à une œuvre, il s’est appliqué à travailler pour ceux qui pouvaient voter pour lui, comme Berthelot, Bouchart, Becquerel, Maurice Long, etc. 4/ et avant tout il ne va pas à la messe comme mon mari et la plus grande part des Dreyfusards ont voté pour lui [...].Avec cela on a beau être un des meilleurs astronomes français, avoir sept enfants à élever, on peut mourir de faim tranquillement, personne ne le trouvera mauvais. Un vieux garçon riche et intrigant est beaucoup plus intéressant». Elle ajoutait:«Pour la direction (de l’observatoire) [...]nous ne l’accepterions pas. Car mon mari, avec le caractère que je lui connais, ne resterait pas 15 jours».
Le Monnier, petit-fils de Bigourdan, écrit:
« J’ai eu souvent l’occasion d’en parler [de l’affaire Dreyfus]avec ma grand-mère(Sophie) lorsque j’étudiais à l’école libre des sciences politiques en 42-45. Ma grand-mère, c’était viscéral, était anti-
dreyfusarde, trop étroitement nationaliste, et trop honnête elle-même, pour imaginer que l’État-major de l’armée put être intellectuellement corrompu à ce point. De grand-père, il en était certainement de même». Sophie écrivait à son frère Charles, le 3 décembre 1902: «Nos parents ont pris tout le bonheur pour eux sans savoir préparer le nôtre et aujourd’hui Guill. paie chèrement la rancœur de papa à son égard. Tu te demandes comment? D’abord pour l’avoir mis sous le boisseau jusqu’à sa mort et lorsqu’il aurait dû passer à l’Institut à sa place, nous n’avons pas osé [...]. De plus, papa, en refusant, il y a 12 ans, des instruments de spectroscopie à mon mari lui a cassé les reins et toute chance d’arriver à l’Observatoire de Meudon. Deux mois après, il nommait Deslandres à l’observatoire». À la mort de Loewy, en 1907, il fut candidat à la direction de l’observatoire. Il fit appuyer sa candidature par Ribière, député de l’Yonne, Pelletan, député des Bouches-du-Rhône et Grosdidier, député de la Meuse. L’Académie des sciences le plaça en 1èreligne; cependant, sans tenir compte de ce choix, le ministre nomma B. Baillaud. L’Écho de Parisdu 6 janvier 1908 écrivait à ce sujet: «Nous avons dit ici la pression que faisaient sur le ministre les radicaux-socialistes du Midi pour l’amener à nommer à la direction de l’Observatoire de Paris le directeur de l’Observatoire de Toulouse M. Baillaud, électeur influent sur les bords de la Garonne. L’Académie des Sciences, malgré une campagne analogue menée dans son sein par des politiciens exagérés, comme M. Painlevé, avait présenté, en première ligne [...]. M. Bigourdan qui a le double tort de ne pas faire de politique et d’être un remarquable astronome». Messidor du 29 décembre 1907 avait écrit: «Il y a huit jours, ayant à dresser une liste de présentation des candidats aux fonctions de directeur de l’observatoire, fonctions devenues vacantes par suite du décès deM. Maurice Loewy, l’Académie des Sciences désignait en première ligne[le 16 décembre],M. Bigourdan ...[Bigourdan avait obtenu 32 suffrages, Baillaud 30]. Or, le conseil supérieur de l’observatoire, qui s’est réuni jeudi, a présenté en première ligne M.Baillaud, directeur de l’Observatoire de Toulouse, que l’Académie des Sciences n’avait classé que second. Ce qui accentue le conflit c’est que, pour la deuxième ligne, le conseil a encore écarté M. Bigourdan et a été chercher le brave général Bassot, qui était nettement éliminé, puisqu’il n’avait eu que 2 voix sur 62 suffrages, au premier tour de scrutin et rien du tout au second tour [ ..].Tous les académiciens commentent aujourd’hui ce parti pris évident d’écarter leur candidat. Voici l’opinion moyenne qui se dégage de ces commentaires. Quelques journaux déplacent la question en voyant des raisons purement politiques à la désignation de M. Baillaud [...] Celui-ci, évidemment, ne reste pas indifférent aux agitations d’une grande ville remuante, influente,disposée, en toutes circonstances, à appuyer ses "pays" [...]. Mais, il y a autre chose: M. Baillaud sort de Normale -tous les normaliens du conseil supérieur de l’Observatoire ont "marché" pour lui. M. Bassot sort de Polytechnique-tous les polytechniciens du conseil ont voté pour lui au second tour. M. Bigourdan, lui, ne sort d’aucune école: ses diplômes scientifiques conquis dans les Facultés, il s’est consacré aussitôt aux études astronomiques et n’a jamais fait autre chose. Voilà pourquoi il n’a que les savants pour lui [...] Au ministre de trancher ce différent où, on le voit, la science seule n’est point en jeu».
Le 16 décembre, Pierre, l’un des fils de Bigourdan, écrivait à son oncle Charles: «Se présentaient à la place de Loewy: papa, Bassot et Baillaud. Bassot était poussé par pipo et Baillaud par toute l’école normale. Vieux et jeunes normaliens, tous ont donné. Papa avait heureusement pour lui Mr. Poincaré dont l’influence a été décisive. Lundi dernier avait lieu la présentation par les cinq sections de l’Académie. Les résultats avaient été:
1etour 2e tour 3etour
Papa 8 10 12
Baillaud 9 8 13
Bassot 8 7 -
Donc, lundi 9, les sections compétentes présentaient Baillaud en 1èreligne et Papa en seconde. Mr. Bassot étant écarté, Papa hérita de bons ennemis comme Darboux qui avait voté pour Bassot. Pendant cette semaine, Darboux, Painlevé et tous les normaliens, à l’exception du seul Poincaré [qui était polytechnicien et non normalien]firent une campagne acharné contre Baillaud. Liard, grand maître de l’Université, et normalien, fit également une grosse pression pour Baillaud, son camarade d’école. Il enrôla de force tous les membres de l’Université qui tenaient à la Sorbonne soit directement, soit par les gendres, les fils, etc. Alors que Baillaud avait tous les normaux comme champions, Papa ne trouva que parmi les anormaux (si c’est français) un batteur ce caisse pour vanter ses qualités. Enfin, après une semaine de visites, contre-visites, marches et contremarches, mines et contre-mines, l’urne bien embêtée (Darboux la veillait) a rendu 32 bulletins pour Papa contre 30 pour Baillaud! Des gens qui ont assisté à la bataille assurent que Darboux n’en pouvant croire ses yeux recompta 3 fois les bulletins! Il va en faire une jaunisse au nom de toute l’école normale. Quelle honte pour normale; ses vieux murs noirs en pâliront. Tout n’est pas fini; il y a encore la présentation du conseil de l’observatoire puis le choix du ministre. Le conseil ayant été nommé par Loewy et Darboux sera à la dévotion de Baillaud».
Le 20 décembre, Bigourdan écrivait à Charles: «[...] je ne suis pas même en 2èmeligne sur la liste de présentation du conseil: il a mis Baillaud en 1èreligne et Bassot en 2ème. Tout cela a été la suite des manœuvres des jours précédents». Et Sophie le 21:«[...]. Pour nous rien de nouveau qu’une campagne politique dans les journaux, ridicule comme d’habitude et que l’on met sur le dos de mon pauvre mari qui en est pourtant bien innocent [...]. Tout cela est fort ennuyeux et la campagne acharnée menée contre lui vraiment exagérée [...]. La cabale devient de plus en plus forte, on met la campagne des journaux sur le dos de Guill. et bien d’autres choses encore [...]. Pour moi la partie est perdue [...]nous n’avons toutes guère de veine», puis le 2 janvier 1908: «...]nous attendons toujours la décision du ministre. Pour ma part, je ne vois que des ennuis d’un côté ou de l’autre. Je connais malheureusement le caractère de mon mari et redoute toutes les solutions [...].» Bigourdan le 18 janvier:«[...] J’ai eu encore à faire des démarches pour tâcher d’avoir quelque compensation,toujours assez problématique [...]Tu sais que le conseil ne m’a pas présenté en 2èmeligne, mais tu ignores peut-être comment on a procédé pour cela. A l’ouverture du conseil, le candidat éliminé par l’Académie a retiré par lettre sa candidature et, par suite, au premier tour de scrutin, je me suis trouvé seul en présence de Baillaud. Il semblait donc que j’allais au moins être présenté en 2èmeligne, puisqu’il ne restait que deux candidats. Pour éviter cela, le président, de son autorité, a remis la candidature de celui qui s’était retiré et l’a fait passer par 8 voix contre 3. Cet abus manifeste a même inquiété les amis de Baillaud quand ils ont vu que le ministre tardait à se prononcer. Mais la politique a fait passer outre et c’est ainsi que je me trouve gros Jean comme devant. Le ministre a dit qu’il a pensé à une compensation, mais l’Ecole Normale veille et je puis tout craindre. Reste à savoir maintenant si l’on travaillera à l’observatoire ou si l’on continuera à s’enliser». Et Sophie le 28 Février:«[...]. Je crois qu’il ne faut pas trop compter sur une compensation comme la sous direction ; l’École Normale ne veille pas seulement sur le présent, mais encore sur l’aven [...].».Il avait sollicité le poste de sous-directeur et s’était fait recommander par le ministre des Travaux publics, des Postes et des Téléphones, et par Berteaux, député de Seine-et-Oise et vice président de la Chambre; mais la loi des finances du 30 décembre 1903 avait supprimé ce poste.

Sophie écrivait à Charles le 4 novembre1908: «[...]tu sais peut-être que mon pauvre mari vient d’avoir la fièvre aphteuse. Aujourd’hui il ‘a plus que 37°7, mais maintenant je pense que pour une raison ou pour une autre, il m’attrapera une chose ou une autre. Il a trop travaillé toute sa vie et a été trop secoué l’année dernière». Et le 4 janvier 1909: «Pour Guill, il va certainement mieux qu’en Octobre et Novembre, s’étant recréé du travail. J’admire vraiment cette organisation de travailleur et de chercheur, toujours arrêtée, toujours entravée et qui repart malgré tout. Le gouvernement français est singulièrement coupable de piétiner ainsi sur les meilleurs et de ne pas tirer parti de toutes les forces que contient encore ce pauvre pays [...] Mon pauvre mari craint beaucoup que l’on lui retire son assistant [...]. En somme, il se trouve que tous les services dont il était chargé se trouvent diminués ou supprimés». Bigourdan comprit très vite l’utilisation que l’on pouvait faire de la T.S.F. pour la transmission de l’heure avec toutes les conséquences qu’elle comporte (détermination mondiale des longitudes par T.S.F.; utilisation de celle-ci pour le point des navires et des explorateurs, etc.). Il fut à l’origine de la création du Bureau International de l’Heure qu’il dirigea de 1919 à 1929 lorsque le BIH fut rattaché à l’Observatoire de Paris à l’instigation de Deslandres; il donna sa démission le 29 janvier 1929 en acceptant la proposition qui lui était faite par le président de l’UAI de lui verser jusqu’à la fin de 1931 la somme annuelle de 9 000 francs qu’il percevait à ce titre.À l’occasion de la proposition de Bigourdan à la croix d’officier de la légion d’honneur, le préfet de la Seine écrivait le 29 novembre 1912 dans un rapport au ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts : Son attitude politique m’est présentée comme nettement républicaine.B. Baillaud, directeur de l’Observatoire de Paris, le notait ainsi : «Astronome des plus laborieux, érudit, dur pour lui-même et sérieux pour les autres, plus doué pour le travail personnel que pour la conduite des hommes [4 mai 1909]. A été un observateur acharné; consacre tout son temps à l’astronomie soit pas l’achèvement de son grand travail des nébuleuses, soit par des études historiques [5 mai 1911]. Vient régulièrement à l’observatoire. N’observe plus. Travaille surtout à des écrits historiques [9 avril 1920]». Il s’était lancé dans les études historiques en 1914 lorsque les instruments de l’Observatoire de Paris furent démontés. Il a pris sa retraite le 30 novembre 1925.

Le 15 janvier 1910, Sophie avait écrit à Charles: «Bientôt 25 ans de mariage ! Lorsque je pense à ces 25 années qui contiennent toute ma jeunesse et tout ce que je puisse espérer de bonheur en ce monde, je me demande pourquoi nous vivons et comment nous avons l’audace de donner la vie à d’autres créatures qui ne la réclament pas et qui ne viendront que pour souffrir. Je n’oublie pas que tous les hommes ne comprennent pas l’existence comme Guillaume, grâce à Dieu, mais vraiment pour mes enfants et moi, il eût valu cent fois ne pas être. Arriver à nos âges pour se priver de tout, vendre un peu chaque année et avoir l’immense angoisse de l’avenir de 8 enfants, c’est vraiment affreux».

Guillaume Bigourdan est mort le 28 février 1932 à Paris, à son domicile, 6 rue Cassini. Il était le gendre de Mouchez dont il avait épousé en 1884 la fille Sophie (1863-1948), aînée de ses six enfants. Il était père de neuf enfants. L’un d’eux, Pierre (1886-1970), fut grièvement blessé dans les premiers mois de la guerre, lors de la bataille de la Marne. Il était le cousin d’Albert et Maurice Sarraut.Il a publié L’astronomie, évolution des idées et des méthodes(Flammarion, 1911), Les méthodes d’examens des lunettes et des télescopes (Gauthier-Villars, Paris, 1915) et Petit atlas céleste comprenant cinq cartes en deux couleurs (Gauthier-Villars, 1915). À propos de l’astronomie, Max de Nansouty écrivait dans le Temps du 1ermars 1911: Sans être un ouvrage de vulgarisation, ce livre peut être lu par tout le monde avec une extrême facilité, et cela va sans dire, avec beaucoup d’utilité au point de vue de l’instruction.
Familial relationship
Frère de Silvestre Bigourdan (1858-1882)
Silvestre Bigourdan (1858-1882)
Gendre d'Ernest Mouchez (1821-1892)
Ernest Mouchez
Is Referenced By
https://www.idref.fr/075148633

Linked resources

Items with "Familial relationship: Guillaume Bigourdan (1851-1932)"
Title Class
Silvestre Bigourdan (1858-1882) Person

Position: 961 (3 views)